Aba House fut pour
moi un endroit exceptionnel pour y travailler. C'est le siège
du Cross Cultural Collaboration, une organisation à but non
lucratif coordonnant des échanges culturels dans le domaine
des Arts.
Par l'intermédiaire
de Francis Boateng, (le sculpteur qui m'a invité au Ghana
pour travailler en collaboration avec lui), j'y ai rencontré
la maîtresse des lieux, Aba, une Américaine. Chez elle, j'ai
participé à un atelier sur des meubles en céramique. Les autres
participants étaient Gigliola Caneschi, une potière franco-italienne,
et des céramistes et enseignants de la céramique ghanéens.
Aba m'a également invité à travailler chez elle, pour faire
mes pièces pour l'exposition commune avec Francis.
Mon poste de travail
était sur la terrasse du premier étage sous un petit toit
de chaume. J'étais abritée du soleil ainsi que mon travail.
De cette hauteur, je pouvais regarder la vie se dérouler autour
de moi, et le public pouvait me regarder aussi. D'autres artistes
venaient me voir travailler et grâce à cette sympathique curiosité,
j'ai rencontré plusieurs artisans d'art locaux. Il y avait
Eddie - un tisserand de tissu Kente de Togo. Kobbi - le percussionniste
et fabriquant de djembes. Vicky - teinturière du tissu "tie
dye", qui est aussi couturière. Salim - sculpteur du
ciment, qui créait des fresques en ciment sur les murs du
chantier d'à côté. James est venu à l'atelier pour nous montrer
sa sculpture en céramique (belle réalisation) qu'il avait
faite. Il est revenu par la suite pour me regarder au travail,
et apprendre des techniques de modelage. J'ai rencontré beaucoup
d'autres gens intéressants.
Lors de l'atelier
de meubles en céramique, nous avons surtout réalisé des tabourets
de toutes sortes, de toutes formes et de toutes tailles. J'avais
préalablement préparé deux tabourets pour cet atelier : un
hippopotame et une feuille grimpée un lézard. Ces pièces sont
arrivées encore chaudes du four le matin du premier jour de
l'atelier. Ma fille Helen m'accompagnait lors de ce voyage
et nous avons réalisé ensemble le tabouret nommé "les
mains de l'Amitié".
Le soir, quand
l'atelier était terminé, les gens du coin venaient voir ce
que nous avions réalisé et s'essayaient à leur tour. Certains
apprenaient avec grands sérieux mais c'était amusant de voir
les enfants, le contremaître du chantier à côté et d'autres
s'exercer à l'ouvrage avec joie.
Quand je suis
retourné au Ghana l'année d'après, je fus ravie d'entendre
James me dire fièrement qu'il avait travaillé avec Salim.
Qu'il avait appris à faire des fresques en ciment et que,
inspiré de mon travail, il faisait maintenant des animaux
en ciment. Par ailleurs, il avait décoré la fontaine du jardin
du chantier à côté avec deux grands crocodiles. J'étais heureuse
de savoir que j'avais aidé un artiste local à utiliser ses
talents pour gagner sa vie au Ghana et rémunéré par un Ghanéen.